Arguments
Arguments
- 300 millions pour laisser mourir les personnes aux frontières extérieures de l’Europe?
- 300 millions pour isoler l’Europe?
- 300 millions pour soutenir les violences policières?
- 300 millions pour un système d’exclusion raciste?
- 300 millions pour les continuités coloniales?
- 300 millions pour la libre circulation et la liberté de rester pour tou·te·s.
- 300 millions pour la justice climatique.
L’argent du fonds BMVI finance la politique de cloisonnement de l’Europe Au total, les États Schengen ont versé 6,24 milliards d’euros dans le fonds BMVI (Border Management and Visa Policy Instrument). De 2021 à 2027, ce fonds permettra de financer de nouveaux projets de défense des frontières. Le fonds BMVI est le troisième instrument financier de ce type. L’objectif reste le cloisonnement raciste de l’Europe. Le Parlement décidera mi-mars si la Suisse, en tant qu’État associé à Schengen, participera à hauteur de 300 millions de francs. Face à ce fonds BMVI, la résistance est nécessaire.
300 millions pour laisser mourir les personnes aux frontières extérieures de l’Europe?
La violence, la misère et la mort sont devenues une réalité quotidienne aux frontières extérieures de l’Europe. Alors que les personnes privilégiées munies d’un passeport ou d’un visa circulent librement, les personnes en exil ou en migration sont bloquées. Aux frontières, elles sont privées de leurs droits, battues et expulsées. La fermeture de l’espace Schengen a déjà fait des dizaines de milliers de morts, et ce nombre augmente chaque jour. Malgré cela, le budget consacré au cloisonnement raciste continue d’augmenter grâce à l’argent du fonds BMVI.
300 millions pour isoler l’Europe?
Les clôtures et les murs aux frontières extérieures de l’espace Schengen sont toujours plus longs, plus hauts et plus massifs. La police des frontières patrouille jour et nuit. Avions, hélicoptères, véhicules et bateaux militaires circulent en permanence. D’innombrables données sont analysées par des drones, des caméras (thermiques), des détecteurs de mouvement ou des dirigeables d’observation. L’argent du fonds BMVI renforce cette militarisation des frontières. Avec les moyens du fonds précédent, Malte s’est offert un nouvel avion de surveillance, la Croatie s’est procuré une brigade canine supplémentaire, l’Italie a financé deux hélicoptères, l’Estonie un navire de patrouille, etc.
300 millions pour soutenir les violences policières?
La plus grande partie du fonds BMVI va aux États situés aux frontières extérieures de l’espace Schengen. L’ampleur de la violence et de la souffrance y augmente depuis des années. En particulier là où les personnes racisées, en exil ou migrantes, tentent de franchir la frontière. La police des frontières croate bat et torture les personnes en zone frontalière. Les garde-côtes grecs effectuent des pushbacks illégaux en mer Égée. La police des frontières hongroise a été condamnée à plusieurs reprises pour ses violations des droits humains. En Méditerranée, les garde-côtes italiens collaborent avec des seigneurs de guerre libyens qui forcent les personnes en exil ou en migration à retourner dans des prisons de torture libyennes. L’argent du fonds BMVI subventionne les violences policières au lieu de les abolir.
300 millions pour un système d’exclusion raciste?
L’accord de Schengen subdivise le monde en un prétendu intérieur et un prétendu extérieur. C’est aux frontières extérieures que l’on voit quelles vies sont considérées comme dignes de protection dans le régime migratoire européen et lesquelles ne le sont pas. La liberté de mouvement, l’égalité des droits, la sécurité et la protection ne s’appliquent qu’aux personnes privilégiées à l’intérieur de l’espace Schengen. Les personnes qui fuient et migrent sont laissées pour mortes et hébergées dans des camps indignes. Les personnes racisées qui cherchent une protection ou un avenir et qui souhaitent immigrer sont considérées comme une menace. Il s’agit d’une exclusion à caractère raciste renforcée par les moyens du fonds BMVI.
300 millions pour les continuités coloniales?
La prospérité européenne repose largement sur l’exploitation du Sud global. Les États européens détruisent les bases de la vie et pillent les ressources des pays du Sud, exploitant les personnes racisées et la nature. Ce mode de vie impérial est source de pauvreté, de crises et de guerres dans le Sud global. De nombreuses personnes sont contraintes de quitter leur pays d’origine. Les continuités coloniales sont une cause majeure d’exil et de migration. Le rapport colonial entre le Sud global et l’Europe est visible aux frontières extérieures de l’espace Schengen. Schengen est un instrument de pouvoir à travers lequel l’Europe impose ses intérêts économiques et maintient sa position privilégiée au sein du monde. L’argent du fonds BMVI contribue à pérenniser les rapports coloniaux.
300 millions pour la libre circulation et la liberté de rester pour tou·te·s.
À cette politique européenne de la mort, nous opposons une politique pour tou·te·s. Une politique fondée sur la libre circulation et la liberté de rester pour tou·te·s, permettant des formes plus collectives de cohabitation. Une politique qui abolit et surmonte les frontières, les exclusions en fonction de la nationalité, les rapports racistes entre «nous» et «les autres» ainsi que les continuités coloniales. La liberté de rester signifie aussi que les personnes ne sont pas obligées de partir. Il faut donc lutter contre les rapports d’exploitation coloniaux, la destruction du climat et l’exploitation des matières premières: 300 millions pour une société solidaire et égalitaire!
300 millions pour la justice climatique.
Dans le monde, les crises climatiques et les catastrophes environnementales déplacent plus de personnes que les violences et les conflits. La migration est souvent la dernière option possible pour s’adapter aux conséquences du changement climatique. Malgré cela, la politique dominante refuse de se donner des objectifs appropriés en matière de politique climatique et de verser des compensations et des réparations. Celles-ci permettraient pourtant d’atténuer la crise climatique et de s’adapter à ses conséquences. Pour garantir le droit de rester, il faut préserver et protéger les bases de vie de tous les êtres humains, au lieu de développer un dispositif mortel aux frontières. Les privilèges de quelques-uns ne doivent pas primer sur l’avenir du plus grand nombre. La justice climatique inclut donc aussi l’antiracisme, la libre circulation et la liberté de rester pour tou·te·s.